Samuel de Champlain sur la rivière des Outaouais

Si l’expression « route des voyageurs » est probablement peu connue dans le monde francophone, elle traduit bien l’épopée de Samuel de Champlain et des premiers explorateurs, missionnaires et traiteurs de fourrures empruntant les chemins d’eau tumultueux de la Nouvelle-France en Amérique du Nord.

L’exploration vers l’Ouest

En retournant dans la vallée du Saint-Laurent en 1608, le géographe royal Samuel de Champlain était chargé d’explorer la Nouvelle-France et ses voies d’eau pour créer un important comptoir de traite des fourrures et rechercher le meilleur passage vers la mer de l’Ouest et les richesses de la Chine. 

Reproduction de l'Habitation de Québec lors du tricentenaire de la ville en 1908

Reproduction de l’Habitation de Québec lors du tricentenaire de la ville en 1908

Ce comptoir de traite sera fondé le 3 juillet 1608 au lieudit « Stadaconé » que Champlain appellera « Québec » (signifiant probablement en langue micmacque « l’endroit où la rivière se rétrécit ») et où il fera établir son « Habitation de Québec ».

La vallée du Saint-Laurent constituait le meilleur territoire pour pratiquer la traite des fourrures et les Français ont vite compris qu’il leur fallait conforter leur alliance avec les Micmacs, Montagnais, Algonquins puis Hurons, en les aidant à combattre leurs ennemis iroquois des cinq nations, alliés des Anglais, établis au sud du fleuve Saint-Laurent.

Champlain savait qu’au-delà du lieudit « Hochelaga » (aujourd’hui Montréal) et des rapides de Lachine, alors infranchissables, en suivant les indications précieuses de ses alliés indiens, il avait toutes les chances de découvrir trois Grands Lacs (Huron, Erié, Ontario), dans l’espoir d’un passage rapide vers la Chine.

En 1615, Champlain réussit son pari. Il dépassait les rapides de Lachine, remontait la rivière des Outaouais et rejoignait le pays des Hurons, sur la Baie Géorgienne, la partie orientale du Lac Huron (carte). Il allait devenir le premier Européen (avec son éclaireur Etienne Brûlé) à explorer le fleuve Saint-Laurent et ses affluents vers l’intérieur du continent, loin des territoires des ennemis iroquois.

La route des voyageurs

Itinéraire de Samuel de Champlain

La route des voyageurs

La route des voyageurs était alors tracée, du Québec vers l’Ontario d’aujourd’hui. Elle remontait la rivière des Outaouais, affluent du fleuve Saint-Laurent, jusqu’à Mattawa (la « rencontre des eaux » en langue ojibwé), puis remontait la rivière Mattawa vers l’ouest jusqu’au Lac Nipissing (point culminant à 195 m), pour enfin redescendre la rivière des Français jusqu’à la Baie Géorgienne (carte).

C’est ce trajet que suivront les voyageurs pendant plus de 200 ans, pagayant à contre-courant, peinant dans les portages et tirant leurs canoës d’écorces de bouleau pour contourner les chutes et les rapides. Parmi les nombreux « voyageurs » qui ont emprunté ce chemin, suivant l’exemple de Champlain, certains ont particulièrement marqué leur époque.

Radisson et Des Groseillers établissant le commerce des fourrures dans le Nord-Ouest, 1662

Radisson et Des Groseillers établissant le commerce des fourrures dans le Nord-Ouest, 1662

C’est le cas des missionnaires récollets Joseph Le Caron, le premier en Huronie en 1615, et Gabriel Sagard, auteur du « Grand voyage du pays des Hurons » après son séjour en 1623-1624, mais également des missionnaires jésuites Jean de Brébeuf et Gabriel Lalemant, martyres des Iroquois (1649) lors de la destruction de la confédération huronne.

Les explorateurs furent également nombreux à se distinguer. Ainsi Jean Nicollet aurait découvert le Lac Supérieur en 1634. Médard Chouart des Groseilliers et son beau-frère Pierre-Esprit Radisson atteignirent l’extrémité occidentale du Lac Supérieur en 1659. Ils sont à l’origine de la création de la Compagnie de la Baie d’Hudson, fondée en 1670 à Londres pour la traite des fourrures et plus vieille personne morale d’Amérique du Nord encore en activité. Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye explora l’Ouest canadien en 1732-1739 entre le Lac Supérieur et l’actuel Manitoba. Après la chute de la Nouvelle-France (1763), Alexander Mackenzie fut le premier Européen à traverser le continent nord-américain en 1793 pour atteindre l’actuelle Colombie-Britannique.

La rivière des Français comme élément emblématique de la route des voyageurs

Rivière des Français – Chute du Récollet

La rivière des Français

Emblématique de cette route des voyageurs, la rivière des Français constitue un réseau hydrographique complexe. Elle forme un long corridor de 110 km, mais la largeur du parc provincial du même nom varie de 6 à 28 km. On y trouve, en plus de la rivière principale elle-même, 200 km de canaux et autres voies navigables, soit des gorges encaissées, des chutes et des rapides, soit des vastes étendues d’eau libre.

Aujourd’hui, le centre d’accueil de la rivière des Français, situé sur l’autoroute 69 au sud de Sudbury (Ontario), présente une exposition détaillée de l’histoire de la rivière.

Le circuit Champlain

Le « circuit Champlain », boucle de 1750 km au départ de Montréal, traverse la région de l’Outaouais au Québec, limitrophe de l’Ontario, et fait partie intégrante du guide touristique L’Ontario en français 2013 : Voyages Ontario en Français.

Références bibliographiques